Crise diplomatique avec l’Italie, explosion des arrivées irrégulières dans les Alpes-Maritimes et des traversées de la Manche, centres-villes livrés aux mineurs non accompagnés, record historique de premiers titres de séjour délivrés : le chaos migratoire s’installe progressivement dans le quotidien de nos concitoyens.
À ce titre, le retrait de la loi immigration suite aux atermoiements de l’exécutif constitue une démission politique majeure. Plus que jamais, notre pays a besoin de lucidité : la multiplication des flux, contrôlés ou non, ces prochaines années, mettra à mal la cohésion de la nation et déchirera notre contrat social.
Cette lucidité impose donc de se mettre d’accord sur l’objectif principal d’une nouvelle politique migratoire : diminuer drastiquement l’immigration pour espérer mieux intégrer celles et ceux qui sont déjà présents.
À cet égard, la droite doit savoir tourner le dos à ce qu’elle a répété souvent et qui, en réalité, ne permettrait pas d’atteindre cet objectif. Il faut savoir abandonner certains slogans inopérants pour retrouver une crédibilité face aux Français. Nous pensons ici aux fameux « quotas », formule magique utilisée à toutes les sauces alors même que nous savons, depuis le rapport Mazeaud de 2008, que ceux-ci seraient inutiles en matière d’immigration de travail, inefficaces contre l’immigration irrégulière et anticonstitutionnels pour à peu près tout le reste ; sans compter qu’il pourrait exister un droit opposable à remplir ces quotas c’est-à-dire à faire entrer des étrangers en nombre avec pour seul objectif d’atteindre ces quotas ! Bref, c’est en réalité l’inverse de la reprise en main de l’immigration. Nous savons que la politique des quotas n’est pas à la hauteur du défi migratoire. Il faut faire plus et plus fort. La droite de gouvernement doit en finir avec les rengaines et penser une action plus efficace.
Nous devons aussi avoir le courage de lutter contre la vision néocoloniale de la majorité présidentielle consistant à faire appel à de la main-d’œuvre étrangère à bas coût pour occuper les postes dont les demandeurs d’emploi nationaux ne voudraient pas. Opter pour cette solution de facilité, c’est élargir le fossé entre offre et demande d’emploi, tirant les salaires des métiers les moins qualifiés vers le bas et dégradant le marché du travail.
Seuls 16 % des titres de séjour sont attribués pour motif de travail en France, contre un tiers dans les autres pays de l’OCDE. Mais cela ne veut pas dire qu’il y a moins d’étrangers qui travaillent en France : simplement, ceux qui travaillent le font dans les métiers les moins qualifiés en utilisant un titre de séjour octroyé pour un autre motif. Par conséquent, 40 % des immigrés en France ont un niveau de qualification inférieur ou égal au brevet des collèges et le taux d’emploi de ces derniers est 18 points inférieur aux nationaux.
Concrètement, nous devons passer d’une immigration familiale subie sous-qualifiée à une immigration de travail choisie surqualifiée, par exemple en ne délivrant aucun titre de séjour pour motif économique si l’emploi occupé par l’étranger n’est pas payé deux ou trois fois le smic selon les branches.
Les Républicains ont raison de dire qu’il faut un référendum sur le sujet migratoire, la souveraineté populaire étant le principe fondamental de notre contrat social si menacé par l’immigration de masse. Ce référendum devra permettre de faire respecter la primauté du droit national sur certaines décisions supranationales portant atteinte aux intérêts supérieurs de la nation. Cela permettra de reprendre enfin le contrôle sur l’immigration familiale massive. Nous devrons également nous interroger sur la fuite en avant d’une immigration étudiante dans les filières sans besoins réels et fournissant des bataillons entiers de futurs clandestins.
Mais cela n’est pas suffisant : les parlementaires et les citoyens doivent se prononcer rapidement sur ce sujet. Avec plusieurs de nos collègues députés, nous déposerons, dans les prochaines semaines, un RIP articulé autour de trois points : l’amélioration des taux de retours des clandestins, en gelant automatiquement la délivrance de visas, titres de séjour, transferts d’argent et aide publique au développement pour tout pays qui n’accorde pas au moins 50 % des laissez-passer consulaires nécessaires à l’expulsion ; la fin du système de « pompe aspirante » en conditionnant à cinq années de présence légale sur le territoire l’accès aux prestations non contributives ; le retour de l’autorité de l’État en rétablissant la double peine.
Seule la droite, à l’Assemblée nationale et au Sénat, appuyée par une majorité de Français attachés au respect des valeurs de notre République, est en mesure d’inverser le cours du désastre qui s’annonce et qui percute la cohésion de la nation. Notre devoir est de ne pas gâcher cette ultime occasion et d’être à la hauteur. Avec des propositions neuves et crédibles.
Par Aurélien Pradié et Pierre-Henri Dumont, députés LR