Ce soir, à Calais, un nouveau drame vient de se dérouler.
Un migrant est mort percuté par un TER, un autre est en urgence absolue. Ce décès s’ajoute aux corps retrouvés sur les plages ces derniers jours. Il s’ajoute aussi aux deux décès, ce dernier mois, de migrants percutés par des camions à Transmarck.
Trop, c’est trop. La vie humaine est trop précieuse pour être perdue sur des rails, sur l’asphalte ou en mer.
J’ai ce soir une pensée pour tous ces morts, pour leurs familles et leurs amis.
Je veux également assurer l’ensemble des habitants du Calaisis, les entreprises et les riverains, de ma plus complète détermination à faire en sorte que Calais et le Calaisis ne deviennent ni un cimetière géant, ni un terrain de jeux pour les populistes d’extrême-gauche comme d’extrême-droite, et surtout que la situation que nous vivons depuis 20 ans ne soit jamais considérée comme normale.
Les citoyens du Calaisis ne sont pas des sous-citoyens. Nous avons aussi le droit à la quiétude chez soi, d’aller au travail sans risquer de se faire caillasser notre voiture, de pouvoir laisser nos enfants rentrer seuls du collège ou du lycée sans crainte.
Les responsabilités face à cette accélération des morts sont nombreuses et partagées.
Mais ce soir, je suis en colère contre certaines « associations » qui instrumentalisent la misère humaine et qui ne valent pas mieux que les passeurs qui envoient les migrants à la mort sur des rafiots de fortune.
Il y a 6 heures, ces soi-disant « associations » célébraient une « victoire », en s’opposant à un démantèlement d’un camp par la police, zone de la Turquerie, à la frontière de Calais et Marck, le long des rails de chemin de fer. Ce soir, un migrant est mort percuté par un TER, à 1,5 kilomètres de là, le long des mêmes rails de ce même chemin de fer.
Depuis plusieurs semaines, ces soi-disant « associations », la plupart non-mandatées par l’Etat, distribuent des repas zone de la Turquerie, sur un lieu à proximité immédiate des habitations, sans la moindre hygiène, sans ramasser les déchets, sans respect pour les riverains, à quelques dizaines de mètre de la zone Transmarck. Ce dernier mois, deux migrants sont morts écrasés par des camions à Transmarck.
Depuis plusieurs mois, ces soi-disant « associations » distribuent des repas, sans autorisation, hors des lieux prévus et incitent les migrants à refuser l’accompagnement de l’Etat. Elles créent des points de fixation, véritables terrains de jeu pour passeurs qui n’ont plus qu’à se servir dans cette masse pour trouver des candidats au départ sur les rafiots de fortune et donc se baisser pour ramasser les milliers d’euros du business des traversées de la mort.
Ces soi-disant « associations » n’aident pas les migrants. Elles sont les complices des passeurs. Elles exploitent elles aussi la misère humaine pour prospérer.
Si ces soi-disant « associations » se souciaient réellement des migrants, elles les inciteraient à utiliser les dispositifs mis en place par l’Etat (hébergements loin de Calais, repas par des associations mandatées par l’Etat dans des endroits prévus pour). Elles les inciteraient aussi à déposer une demande d’asile en France.
Au contraire, elles ne font rien de tout ça. Parfois mêmes, elles passent derrière les services de l’Etat pour expliquer aux migrants qu’ils doivent refuser toute aide de l’Etat. Pour justifier leur existence, leurs financements, ces soi-disant « associations » ont elles aussi besoin de cette misère humaine.
Ce soir, ces soi-disant « associations » ont des morts sur la conscience.
La reconstitution de points de fixation, comme le font certaines associations, comme le demandent des grévistes inconscients de la faim, mènera aux mêmes maux : la reconstitution d’une lande, d’une jungle, d’un camp, appelez le comme vous le voulez. Nous le savons car nous vivons cette même histoire depuis 25 ans. Ceux qui demandent l’arrêt des démantèlements des campements à grands renforts de communication doivent assumer ce qu’ils proposent : la création d’un bidonville géant, d’une zone de non-droit où les rixes inter-ethnies, la prostitution institutionnalisée de gamines et l’insalubrité règneraient.
Je suis ce soir en colère, car j’en ai plus qu’assez en tant qu’élu local de devoir enterrer des cadavres de gamins de 22 ans au carré des indigents. Car j’en ai plus qu’assez de recevoir chaque semaine des familles de Calaisiens en pleurs qui veulent simplement revivre normalement.
Il est plus que temps que tout cela cesse. Que les habitants du Calaisis retrouvent leur quiétude envolée depuis plusieurs années. Que les migrants arrêtent de mourir ici.